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La transhumance nécessité et technique
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La transhumance nécessité et technique
La transhumance : nécessité et technique ! par Maurice MARY |
Etape 1
Pourquoi transhumer des ruches ?
Cette pratique n’est pas nouvelle, on en fait état dans les publications anciennes.
Elle se justifie, hélas, de plus en plus, pour diverses raisons.
Dans beaucoup de régions, les floraisons mellifères, sauvages et
cultivées, se succédaient autrefois au fil de la saison, sans aucune
carence complète de fleurs mellifères pendant une longue période.
Hélas, ce n’est plus le cas maintenant ; les floraisons adventices et
sauvages, qui prenaient le relais des cultures mellifères, sont en
grande partie disparues, avec l’emploi généralisé des désherbants
sélectifs, plus le défrichage de landes, etc.
Et puis, pour rentabiliser et augmenter la production, il faut aussi
suivre les floraisons de la saison, lesquelles se succèdent rarement au
même endroit, sauf dans quelques situations exceptionnelles.
Enfin, de nos jours, nous sommes de plus en plus nombreux, hélas, à fuir
certaines cultures mellifères, que nous avions sur place, et qui sont
devenues toxiques, en raison de l’emploi des pesticides neuro-toxiques
systémiques.
Et se réfugier ailleurs, dans des zones plus propres, pour d’autres miellées et pour que le cheptel puisse survivre.
Etape 2
Les heures propices pour déplacer les ruches
Bien sûr, par temps frais ou temps de pluie, les abeilles ne sortant pas, on peut déplacer les ruches dans la journée.
Mais dans la majorité des cas, ce travail se fera le soir, de nuit, ou
le matin très tôt. Le chargement des ruches ne s’effectuant que lorsque
les abeilles sont toutes rentrées bien sûr.
Si la distance du transport est courte, on peut déplacer le soir, ou mieux encore le matin, en ayant chargé au lever du jour.
Attention, une courte distance signifie un minimum de cinq ou six
kilomètres, si on ne veut pas voir des butineuses revenir se perdre au
point de départ.
Pour les grandes distances, ce qui est souvent pratiqué par les professionnels, on charge le soir et on roule de nuit.
Etape 3
Ruches ouvertes ou ruches fermées ?
Les deux techniques sont valables suivant les cas.
Laisser les " ruches
ouvertes " peut simplifier le travail et éviter
l’étouffement des colonies, surtout s’il fait très chaud, et si le temps
de transport est long. Mais il faut bien maîtriser la technique. Avant
de charger, il faudra donner un peu de fumée, par les entrées une ou
plusieurs fois, pour éviter l’agressivité et la sortie intempestives des
abeilles, lorsqu’on les charge.
Ensuite et dès qu’on roule, les abeilles restent souvent calmes.
Avec un chargement de ruches ouvertes, et surtout par temps chaud, il
faut éviter de laisser longtemps le camion en attente en stationnement ;
car, pendant ce temps, les abeilles ventilent aux portes, et parfois
sortent en " barbe ", en se collant bien sûr à la paroi de leur ruche,
mais hélas aussi aux parois des ruches voisines. Avec les pertes
d’abeilles qui s’ensuivront lors du déchargement.
Si le camion doit stationner, il est bien de pulvériser de l’eau sur le
chargement, ce qui crée une fraîcheur et une baisse de température.
Mais le grand principe, avec un chargement de ruches ouvertes est de
rouler de suite, et de décharger aussitôt rendu. Inutile de dire que le
transport " ruches ouvertes " n’est possible qu’avec un camion ou
camionnette plateau, dont la cabine est isolée du chargement.
Dans une petite camionnette ou fourgon tôlé, avec cabine communicante, c’est à éviter impérativement.
Transport " ruches
fermées "
Plusieurs systèmes de fermeture sont possibles, les plus simples étant toujours les meilleurs.
Pour ceux qui ont des grilles d’entrée, en tôle, réversibles, on peut ainsi fermer les ruches.
Fermeture des ruches avec grilles d'entrée réversible. | Fermeture des ruches avec une bande de mousse, système extrêmement pratique. |
Une autre technique très simple, et très, très pratique, est de
disposer des bandes de mousse souple, de section carrée de 3 cm x 3 cm,
et de la longueur des entrées de ruche et même quelques centimètres en
plus. On les pousse avec le lève-cadres au long de l’entrée de la ruche
où elles se coincent, et sont hermétiques aux abeilles sans problème.
C’est très pratique pour les placer, et encore plus pour les enlever.
Là, on tire par un bout, il n’y a même pas à enfumer.
Ces deux techniques de transport, avec les entrées fermées, supposent
que les ruches ne vont pas voyager très longtemps, car il y aurait
risque d’énervement et
d’étouffement des abeilles. Sauf si les ruches sont équipées de plateaux
grillagés, lesquels permettent la ventilation par en dessous.
Et puis, il y a aussi la technique des " muselières " d’entrées
grillagées, qui empêchent les sorties, ou plutôt laissent les sorties
d’abeilles possibles, mais dans un " sas " grillagé et aéré. Là, il y a
autant de modèles que d’apiculteurs, ceux-ci ne manquant pas
d’imagination. Celui de la photo est le nôtre ; il s’accroche sur les
angles arrière du corps de ruche, par le relais d’élastiques, coupés
dans des chambres à air.
Fermeture des ruches avec " muselières " d’entrée grillagée, laissant une bonne aération. | Détail d’un crochet, en fil aciéré, lui-même relié à un côté de la " muselière " d’entrée par un élastique, et qui se prend tout simplement sur l’angle arrière du corps de ruche. |
J’ai parlé précédemment de plateaux de fonds grillagés, en tout ou
partie, de grillage solide, ou de métal déployé. C’est intéressant sans
doute dans la lutte contre varroa, mais c’est également une bonne
sécurité d’aération dans le transport des ruches. Du moins, tant que les
abeilles n’ont pas propolisé et obstrué les grillages... Ce qui arrive
aussi.
Etape 4
Véhicules de transport
Pour les professionnels, c’est bien sûr le camion ou camionnette
plateau. Certains les préfèrent équipés de ridelles à claire-voie,
ridelles rabattables. D’autres préfèrent les plateaux nus. Et plus
encore, s’ils ont mécanisé le chargement, en ruches sur palettes, avec
chariot-élévateur, ou une petite grue fixée au camion. Là, il faut
sangler les rangées de ruches ou palettes de ruches. C’est parfait pour
le transport ; les ruches étant solidement arrimées, sans jeu, avec le
plateau. Pour les apiculteurs " semi-professionnels ou amateurs ", une
camionnette suffit. C’est souvent un petit ou plus grand fourgon tôlé,
polyvalent pour les divers travaux des ruchers.
Là, le chargement est moins confortable. De toute façon, sauf moyens
mécaniques, il faut charger les ruches à deux et les prendre soit par
les poignées du corps de ruche s’il y en a, soit en dessous, tout
simplement. Porter les ruches tout seul suppose une colonne vertébrale
solide, mais hélas, ça se termine parfois très mal pour le dos. Y penser
aussi lorsqu’on empile les ruches dans une camionnette, là aussi les
positions ne sont pas toujours les meilleures. Enfin, certains ne
disposant pas de camionnette utilisent une remorque pour leur travail.
La suspension des remorques n’est pas la meilleure pour le transport des
ruches ; elles y sont plus secouées que dans un véhicule normal. Il
faut donc bien les caler à l’intérieur, ou les sangler. Notons qu’une
remorque à deux essieux est un peu plus confortable.
Etape 5
Filets de protection
Ces filets, pour coiffer un chargement de ruches, sont de plus en plus
utilisés par les apiculteurs. Ils ont un double intérêt, d’abord
empêcher quoi que ce soit de s’envoler du chargement, un toit de ruche
par exemple, lors du transport. Et puis, les abeilles en sont
prisonnières, pour celles qui voudraient s’envoler pendant le voyage, ou
encore lors d’un arrêt à un feu rouge, ou un péage, etc., et créer des
problèmes !
Enfin, ces filets laissent passer une aération normale. Le " nec plus
ultra " consiste en un filet sombre, laissant passer l’air, mais
réduisant de beaucoup la lumière, du genre store de fenêtre velux. Si
certains d’entre nous savent où s’en procurer, et l’auraient déjà
utilisé, qu’ils n’hésitent pas à nous en faire part avec leurs
observations. Merci d’avance.
Bonne chance !
Texte et photos : Maurice Mary
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